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avances faites avec jugement et des projets suivis avec persévérance.

Chacun se souvient avec quelle affabilité M. de Lacépède recevait les légionnaires ; comment il savait renvoyer contents ceux-là même qu’il était contraint de refuser mais ce que peut-être în sait moins, c’est le zèle avec lequel il prenait leurs intérêts et les défendait dans l’occasion. Je n’en citerai qu’un exemple. Des croix avaient été accordées après une campagne ; le maître apprend que le major-général en a fait donner par faveur à quelques officiers qui n’avaient pas le temps nécessaire : il commande au grand-chancelier de les leur faire reprendre. En vain celui-ci représente la douleur qu’éprouveront des hommes déja salués comme légionnaires. Rien ne touchait un chef irrité. « Eh bien ! dit M. de Lacépède, je vous demande pour eux ce que je voudrais obtenir si j’étais à leur place, c’est d’envoyer aussi l’ordre de les fusiller. » Les croix leur restèrent.

Ce qu’il avait le plus à cœur, c’étaient les établissements d’éducation destinés aux orphelines de la Légion. Il avait aussi conçu le plan de ces asiles du malheur avec grandeur et générosité : 1,400 places y furent fondées ou projetées ; de grands monuments furent restaurés et embellis. Écouen, l’un des restes les plus magnifiques du XVIe siècle, échappa ainsi à la destruction ; plus de 300 élèves y ont été réunis. À Saint-Denis on en a vu plus de 500. On a applaudi également à la beauté des dispositions matérielles, à la sagesse des réglements, à l’excellent choix des dames chargées de la direction et de l’enseignement. Son aménité, les soins attentifs qu’il se donnait le bien-être de toutes ces jeunes personnes, l’en faisaient chérir comme un père ; et beaucoup