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à chaque phrase ! et combien, au milieu de ce qui peut paraître flatterie, on essaie de donner des leçons ! C’est qu’en effet c’était la seule forme sous laquelle des leçons pussent être écoutées ; mais elles furent inutiles : elles ne pouvaient arrêter le cours des destinées.

Pour juger l’homme public dans M. de Lacépède, c’est dans l’administration de la Légion-d’Honneur qu’il faut le voir. Cette institution lui avait apparu sous l’aspect le plus grand et le plus noble, destinée (ce sont ses termes) à rétablir le culte du véritable honneur, et à faire revivre sous de nouveaux emblêmes l’ancienne chevalerie, épurée des taches que lui avaient imprimées les siècles d’ignorance, et embellie de tout ce qu’elle pouvait tenir des siècles de lumière. Il travaillait avec une constance infatigable à l’établir sur la base solide de la propriété. Déja les revenus de ses domaines s’étaient accrus à un très-haut degré ; de savants agronomes s’occupaient d’en faire des modèles de culture, et ils pouvaient devenir aussi utiles à l’industrie, que l’institution même au développement moral de la nation, lorsque le fondateur, effrayé comme il le fut toujours de ses propres créations, les fit vendre et remplacer par des rentes sur le trésor. D’autres plans alors furent conçus. Une forte somme devait être employée chaque année à mettre en valeur Ies terrains incultes que le domaine possédait dans toute la France : l’emploi devait en être dirigé par les hommes les plus expérimentés. L’Etat pouvait s’enrichir ainsi, sans conquêtes, de propriétés productives égales en étendue à plus d’un département. Les événements arrêtèrent ces nouvelles vues ; mais rien n’empêchera de les reprendre, aujourd’hui que tant d’expériences ont montré ce que peuvent des