Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour l’homme après les quadrupèdes domestiques, est la moins connue de toutes : c’est aussi celle qui se prête le moins à des développements intéressants. Froids et muets, passant une grande partie de leur vie dans des abîmes inaccessibles, exempts de ces mouvements passionnés qui rapprochent tant les quadrupèdes de nous, ne montrant rien de cette tendresse conjugale, de cette sollicitude paternelle qu’on admire dans les oiseaux, ni de ces industries si variées, si ingénieuses, qui rendent l’étude des insectes aussi importante pour la philosophie générale que pour l’histoire naturelle, les poissons n’ont presque à offrir à la curiosité que des configurations et des couleurs dont les descriptions rentrent nécessairement dans les mêmes formes, et impriment aux ouvrages qui en traitent une monotonie inévitable. M. de Lacépède a fait de grands efforts pour vaincre cette difficulté, et il y est souvent parvenu : tout ce qu’il a pu recueillir sur l’organisation de ces animaux, sur leurs habitudes, sur les guerres que les hommes leur livrent, sur le parti qu’ils en tirent, il l’a exposé dans un style élégant et pur ; il a su même répandre du charme dans leurs descriptions toutes les fois que les beautés qui leur ont aussi été départies dans un si haut degré permettaient de les offrir à l’admiration des naturalistes. Et n’est-ce pas en effet un grand sujet d’admiration que ces couleurs brillantes, cet éclat de l’or, de l’acier, du rubis, de l’émeraude versés à profusion sur des êtres que naturellement l’homme ne doit presque pas rencontrer, qui se voient à peine entre eux dans les sombres profondeurs où ils sont retenus ! mais encore les paroles ne peuvent avoir ni la même variété, ni le même éclat ; la peinture même serait impuissante pour en reproduire la magnificence.