Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prié de composer pour une cérémonie ecclésiastique, et de succès en succès il avait été conduit jusqu’au projet hardi de remettre Armide en musique, lorsqu’il apprit par les journaux que Gluck travaillait aussi à cet opéra. Cette nouvelle le fit renoncer à son entreprise ; mais il ne put résister à la tentation de communiquer ses essais à ce grand compositeur, et il en reçut le compliment qui pouvait le toucher le plus : Gluck trouva que le jeune amateur s’était plus d’une fois rencontré avec lui dans ses idées.

Pendant le même temps, M. de Lacépède s’adonnait avec ardeur à la physique. Dès l’âge de douze ou treize ans, et sous les auspices de M. de Chabannes, il avait formé avec les jeunes camarades que la prévoyante sagesse de son père lui avait choisis, une espèce d’académie dont plusieurs membres sont devenus ensuite membres ou correspondants de l’Institut. Leurs occupations d’abord conformes à leur âge devinrent par degrés plus sérieuses : ils faisaient ensemble des expériences sur l’électricité, sur l’aimant, et sur les autres sujets qui occupaient le plus alors les physiciens ; et M. de Lacépède ayant tiré de ces expériences quelques conclusions qui lui semblèrent nouvelles, le choix de celui à qui il devait les soumettre ne fut pas douteux : il les adressa dans un Mémoire au grand naturaliste dont il admirait tant le génie, et il en reçut une réponse non moins flatteuse que celle du grand musicien. Buffon le cita même en termes honorables dans quelques endroits de ses Suppléments.

C’était, on le croira volontiers, plus d’encouragement qu’il n’en fallait pour exalter un homme de vingt ans. Plein d’espérance et de feu, il accourt à Paris avec ses partitions et ses registres d’expériences ; il y arrive dans la nuit, et le matin