Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
clxxxii
ÉLOGE HISTORIQUE

de son successeur. Ces exemples encourageaient M. Berthollet. Bien convaincu qu’il n’aurait pas besoin des moyens ordinaires dans les cours pour conserver la faveur que son ami venait de lui procurer, et s’étant fait naturaliser[1], il se livra aussitôt, et tout entier, aux travaux dont la succession a rempli cinquante années de la vie la plus active.

Vers cette époque avait commencé dans la chimie l’espèce de fermentation qui en a changé le système et le langage. Lavoisier, excité par les observations nouvelles sur les airs, et les rapprochant de faits anciennement constatés sur les calcinations, que l’école de son temps avait presque mis en oubli, s’était convaincu de la nécessité d’abandonner la théorie dominante. Il en cherchait une meilleure avec cette inquiétude naturelle à un esprit dont le caractère distinctif était de vouloir se rendre clairement compte de chaque chose. Recueillant soigneusement les nouveaux faits, s’efforçant d’en multiplier le nombre par ses propres travaux, il dirigeait surtout son attention vers ceux à l’aide desquels il espérait découvrir quelque issue au labyrinthe où les chimistes s’étaient enfoncés. Enfin, en 1775, il saisit presque subitement dans quelques expériences de Bayen et de Priestley, le point précis que depuis long-temps il cherchait, et que ces laborieux opérateurs n’apercevaient pas eux-mêmes ; et il prononça, contre le phlogistique de Stahl, un arrêt qui a été irrévocable. « Les calcinations, les combustions, et la production des acides, dit-il, ne sont que des effets de l’union

  1. Lettres de naturalisation, février 1778 ; enregistrées au parlement le 21 mars.