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un accident n’en eût accéléré la fin. Une chute faite dans sa chambre lui cassa le col du fémur, et un abcès qui se forma dans l’articulation rendit le mal incurable. Pendant les longues douleurs dont sa mort fut précédée, il ne cessa de montrer cette bienveillance, cette pieuse soumission aux arrêts de la Providence, cette ardeur pour la science, qui ont caractérisé sa vie. Son temps fut partagé entre la prière, le soin de la nouvelle édition de son livre, et l’intérêt pour le sort à venir des élèves qui l’avaient secondé dans ce travail.

M. Haüy est décédé le 3 juin de l’année dernière (1822), à soixante-dix-neuf ans, ne laissant à sa famille qu’un héritage, mais magnifique, cette précieuse collection de cristaux de toutes les variétés, que les dons de presque toute l’Europe pendant vingt ans ont portée à un degré qui n’a point d’égal.

Il a eu pour successeur au Muséum d’histoire naturelle, M. Brongniart, à la Faculté des sciences, M. Beudant, et dans cette académie M. Cordier. Ce sont trois de ses élèves : en effet, et ce sera le dernier trait de son éloge, il serait difficile de trouver aujourd’hui en Europe un minéralogiste digne de ce nom, qui ne le soit sinon immédiatement, au moins par une étude assidue de ses ouvrages et de ses découvertes.