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ses infirmités, et son voeu fut rempli sur-le-champ au moyen d’une petite place de finance accordée au mari de sa nièce.

Qui croirait qu’une récompense si bien méritée disparut à la première réforme, et que les amis de M. Haüy ne purent obtenir d’autre réponse à leurs sollicitations, si ce n’est qu’il n’y a point de rapport entre les contributions et la cristallographie ?

Newton avait aussi été récompensé par un emploi de finance, et bien autrement considérable, de la gloire que son génie avait répandue sur son pays ; mais il le conserva sous trois rois et sous dix ministres. Pourquoi les hommes qui disposent, ordinairement pour un temps si court, du sort des autres, oublient-ils quelquefois que de pareils actes de leur part resteront dans l’histoire beaucoup plus sûrement qu’aucun des détails éphémères de leur administration ?

Ce ne fut pas la seule épreuve que M. Haüy eut à subir. Peu de temps après, les lois de finance lui firent perdre une pension qui ne pouvait plus se cumuler avec un traitement d’activité ; et son frère, que l’on avait attiré en Russie pour y répandre les moyens d’instruire les aveugles, en revint sans qu’aucune des promesses qui lui avaient été faites eût été remplie, et avec une santé tellement délabrée, qu’il tombait entièrement à la charge de sa famille.

C’est ainsi que vers la fin de ses jours, M. Haüy se vit subitement ramené bien près de ce strict nécessaire dont il avait déja eu l’expérience. Il aurait eu besoin de toute sa religieuse résignation pour supporter ces revers, sans l’attention que mirent ses jeunes parents à lui cacher toute la gêne que ses affaires en éprouvaient. Leurs soins redoublaient en quelque sorte à mesure qu’il perdait les moyens de leur en mar-