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ne suffisaient point à ses yeux ; il doutait surtout qu’il lui fùt permis d’abandonner, même pour peu de temps, les recherches si heureuses auxquelles il lui semblait que la Providence l’avait conduit, et il ne voulut point s’engager avant d’avoir consulté M. l’abbé Émery, l’ancien supérieur de Saint-Sulpice. « N’hésitez pas, lui dit M. Émery : vous feriez une grande faute, si vous manquiez cette occasion, en traitant de la nature, de parler de son auteur … et n’oubliez point, ajouta-t-il, de prendre sur le frontispice votre titre de chanoine de la métropole. » M. Émery, dont l’habileté n’a pas été moins célèbre que ses sentiments ont été purs, savait qu’il n’est aucune profession qui ne doive s’honorer des talents de ceux qui l’exercent, et il se souvenait que l’époque où le christianisme a fait le plus de conquêtes, et où ses ministres ont obtenu le plus de respect, est celle où ils portaient chez les peuples convertis les lumières des lettres, en même temps que les vérités de la religion, et où ils formaient à la fois dans les nations l’ordre le plus éminent et le plus éclairé.

Si ce traité de physique n’ajouta pas beaucoup à la réputation scientifique de M. Haüy, il ne nuisit point à sa gloire littéraire. On y trouve la même clarté, la même pureté que dans sa minéralogie, et encore plus d’intérêt. C’est un des livres les plus propres à inspirer à la jeunesse le goût des sciences naturelles, et il se fait lire avec agrément par tous les âges : aussi a-t-il eu trois éditions.

L’auteur fut vivement pressé et à plusieurs reprises de faire connaître ce qu’il désirait qui fût fait pour lui. Il se borna à demander qu’on le mît à même de rapprocher de lui sa famille, pour en être soigné dans sa vieillesse et dans