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il fallut presque l’entraîner de force. On frémit encore en songeant que le surlendemain fut le 2 septembre ! Ce qui est bien singulier, c’est que depuis lors on ne l’inquiéta plus. Pour rien au monde il ne se serait prêté à la moindre des extravagances de cette époque, mais personne aussi ne lui proposa de s’y prêter. La simplicité de ses manières, sa douceur lui tinrent lieu de tout. Un jour seulement on le fit comparaître à la revue de son bataillon, mais on le réforma aussitôt sur sa mauvaise mine. Ce fut là à peu près tout ce qu’il sut, ou du moins tout ce qu’il vit de la révolution. La Convention, au temps où elle agissait avec le plus de violence, le nomma membre de la commission des poids et mesures[1], et conservateur du cabinet des mines[2] ; et lorsque Lavoisier fut arrêté, lorsque Borda, Delambre furent destitués, ce fut M. Haüy, ce fut un prêtre non assermenté, remplissant tous les jours ses fonctions ecclésiastiques, qui se trouva seul en position d’écrire pour eux, et qui le fit sans hésiter, ni sans qu’il lui en arrivât rien. À une pareille époque, son impunité était. plus étonnante encore que son courage.

C’est au cabinet du conseil des mines, et sur l’invitation et avec le secours de cette administration éclairée que M. Haüy a préparé son traité de minéralogie, le principal de ses ouvrages, et qu’il en a publié le programme[3] et la première édition[4].

  1. 22 septembre 1793.
  2. 2 août 1794.
  3. Extrait d’un Traité élémentaire de minéralogie, publié d’abord par parties dans le Journal des mines, puis en un vol. séparé, in-8o. Paris, an V (1797).
  4. Traité de minéralogie, 4 vol. in-8o, et un de planches in-4o transv. Paris (1801).