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portions assez simples, comme le sont en général les rapports des nombres établis par la nature. Ce fut alors que pour la troisième fois, et désormais sans hésitation, il put se dire : J’ai tout trouvé ! et ce fut alors aussi qu’il prit la confiance de parler de ses découvertes à son maître, M. Daubenton, dont jusqu’alors il avait suivi les cours modestement et en silence. On peut juger avec quelle faveur elles furent accueillies ; M. de Laplace, à qui M. Daubenton en fit part, en prévit à l’instant toutes les conséquences, et se hâta d’encourager l’auteur à venir les présenter à l’Académie[1].

Ce n’est pas à quoi il fut le plus aisé de déterminer M. Haüy. L’Académie, le Louvre étaient pour le bon régent du cardinal Lemoine une sorte de pays étranger qui effrayait sa timidité. Les usages lui étaient si peu connus, qu’à ses premières lectures il y venait en habit long que les anciens canons de l’Église prescrivent, dit-on, mais que depuis long-temps les ecclésiastiques qui n’étaient point en fonctions curiales ne portaient plus dans la société. À cette époque de légèreté, quelques amis craignirent que ce vêtement ne lui ôtât des

  1. Son premier Mémoire, où il traitait des grenats et des spaths calcaires, y fut lu le 10 janvier 1781.

    Daubenton et Bezout en firent le rapport le 21 février ; mais il est aisé de voir, en lisant ce rapport, qu’ils n’avaient pas encore entièrement saisi la nature de la découverte. Ce Mémoire est imprimé par extrait dans le Journal de Physique de 1782, tom. I, p. 366.

    Son second Mémoire, où il s’attache aux spaths calcaires seulement, fut lu le 22 août 1781, et le rapport en fut fait par les mêmes commissaires le 22 décembre. Cette fois, ils s’étaient mis entièrement au fait des idées de l’auteur, et de leur importance. Le Mémoire est imprimé dans le Journal de Physique de 1782, tom. II, p. 33.