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vers l’intérieur, une espèce de crête ou d’éperon qui em pêche les matières de passer de l’une à l’autre, et les dirige vers le dehors ; quelquefois même le bout de l’intestin supérieur se renverse en dehors comme un doigt de gant retourné. Depuis long-temps on a cherché à rétablir l’état naturel, en essayant de dilater la partie postérieure du canal, d’effacer l’éperon qui en ferme l’entrée, et de fermer l’orifice extérieur ; et l’on y a quelquefois réussi, quoique bien rarement.

M. Dupuytren, par une longue étude de ce mal, et par des essais répétés, est parvenu à imaginer une méthode curative plus sûre que celles de ses prédécesseurs.

Elle consiste essentiellement dans la destruction faite avec art de la crête qui sépare les deux portions du tube intestinal, afin de faire une route libre de la portion supérieure vers l’inférieure.

À cet effet, M. Dupuytren a inventé un instrument qu’il nomme entérotome, composé de deux branches d’acier qui saisissent cette bride, et la compriment assez pour y détruire la vie, mais non pour la diviser immédiatement.

Il a décrit cet instrument avec beaucoup de soin, et donné les plus grands détails sur les procédés à suivre dans son application ; deux guérisons très-complètes d’anus contre nature que la chirurgie, dans l’état où elle était, aurait incontestablement abandonnés à eux-mêmes, et dont M. Dupuytren a donné l’histoire, ont prouvé l’efficacité supérieure de cette méthode nouvelle.

Elle a été démontrée encore par ce résultat, que sur quarante un malades, la plupart réputés incurables, M. Dupuytren, ou d’autres chirurgiens qui ont suivi sa méthode, sont parvenus à en guérir complètement vingt-neuf.