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place, quelque remarquables qu’ils soient par une élégante application des.principes de la mécanique, n’ont rien appris de nouveau sur les lois de la double réfraction. Or, nous ne pensons pas que les secours qu’on peut tirer d’une bonne théorie doivent se borner à calculer les forces, quand les lois des phénomènes sont connues : elle contribuerait trop peu aux progrès de la science. Il est certaines lois si compliquées ou si singulières, que la seule observation aidée de l’analogie ne pourrait jamais les faire découvrir. Pour deviner ces énigmes, il faut être guidé par des idées théoriques appuyées sur une hypothèse vraie. La théorie des vibrations lumineuses présente ce caractère et ces avantages précieux ; car on lui doit la découverte des lois de l’optique les plus compliquées ou les plus difficiles à deviner ; tandis que toutes les autres découvertes très-nombreuses et très-importantes sans doute, qui ont été faites dans cette science par les physiciens partisans du système de l’émission, sont bien plutôt le fruit de leurs observations et de leur sagacité, à commencer par celles de Newton, que des conséquences mathématiques déduites de son système[1].

  1. J’ai pour les travaux de Newton et de M. de Laplace l’admiration la plus vive et la plus sincère : mais je n’admire pas également tout ce qu’ils ont fait, et je ne pense point, par exemple, comme beaucoup de personnes, que l’optique de Newton soit un de ses plus beaux titres de gloire : elle renferme plusieurs erreurs graves, et les vérités qu’elle contient étaient bien moins difficiles à trouver que l’explication mécanique des mouvements célestes. Quelle différence, en effet, entre l’analyse si simple de la lumière, et ce coup-d’œil profond qui fit voir à Newton que la précession des équinoxes était occasionnée par l’aplatissement de la terre ! C’est son immortel ouvrage des principes et la découverte de la méthode des fluxions qui l’ont