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éloge historique

On se représente d’ordinaire la botanique comme une science aussi douce, aussi paisible que les objets qu’elle étudie : malheureusement elle ne change pas le caractère des botanistes, et elle n’imprime pas le sien à leurs discussions. M. Richard, comme la plupart des solitaires qui ont long-temps nourri de certaines idées sans contradicteurs, fut vivement blessé des objections qu’éprouvèrent une partie de celles qu’il mit en avant. Il répondit d’un ton qui prouvait bien à quel point il était devenu étranger au monde et à ses formes. Les répliques ressemblèrent peut-être un peu trop aux réponses : son repos fut troublé par ces altercations, et sa mauvaise santé s’en aigrit encore. Au total, cependant, ces dissertations étonnèrent par la profondeur et la sagacité des vues, et par les immenses observations qu’elles supposaient. L’une d’elles intitulée Analyse du fruit[1], et qui n’est pas même sortie de sa plume, mais a été seulement écrite à ses leçons par un de ses élèves, est si pleine et si concise qu’elle équivaut à un grand ouvrage ; et le savant botaniste que nous avons déjà cité regrette que Gærtner n’ait pu la connaître avant de composer le sien : il y eût, dit-il, beaucoup gagné. Ce petit écrit fut traduit aussitôt en plusieurs langues. Les observations qu’il contient sur les embryons des plantes que l’auteur nomme endorhizes, ou de ce qu’on appelle d’ordinaire monocotylédones, étaient surtout aussi neuves qu’importantes, et il les développa dans un mémoire sur la germination des graminées, accompagné de figures d’une précision sans exem-

  1. Démonstrations botaniques, ou Analyse du fruit, considérée en général, par M. R. Cl. Richard, publiées par H. A. Duval, 1 vol. in-12. Paris, 1808.