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partie physique.

employés à la traite des nègres en ont été les foyers primitifs ; que la maladie créée en quelque sorte par ce commerce inhumain s’est propagée.en Amérique ; que ses irruptions sur différents points du globe se sont multipliées en raison de l’activité de ce trafic ; et que ce sont en particulier des vaisseaux qui venaient de servir à la traite, qui ont produit les épidémies observées en Espagne dans ces derniers temps.


M. Moreau de Jonnès a communiqué les détails d’un fait qui prouverait d’une manière presque démonstrative la nature contagieuse de la fièvre jaune.

Le sloop de guerre le Bann, étant en relâche à Sierra-Leone, envoya des matelots au navire marchand la Caroline, pour l’entrer dans le port, et suppléer à son équipage, qui, à l’exception de trois hommes, avait entièrement succombé à la mer par les ravages de la fièvre jaune.

Le Bann ayant appareillé pour l’Ascension, la maladie dont était infecté le navire avec lequel il avait communiqué, éclata à son bord pendant la traversée, et fit périr treize hommes en vingt-huit jours. Elle en tua encore vingt, quand il fut mouillé dans l’île, et se répandit à terre parmi les militaires de la garnison. Sur vingt-huit hommes, treize périrent ; mais un poste de ces hommes, placé dans une autre partie de l’Ascension, et n’ayant point de communication avec ce poste principal, ne fut point atteint par la maladie.

Il résulte de l’examen de ces faits :

1o Que la fièvre jaune a été portée en 1823, par la communication maritime, au-delà de l’équateur dans l’hémisphère austral, et dans la route du cap de Bonne-Espérance et des contrées orientales ;