Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

fit l’office de machine pneumatique et des tubes de baromètre courbés à la lampe complétèrent l’assortiment. Le laboratoire se monta peu à peu et, son ambition croissant à mesure, le jeune professeur en vint à désirer une balance de précision. Avec l’aide d’un ouvrier horloger, il parvint à construire un instrument assez sensible pour apprécier le vingtième de grain et lui permettre de commencer des recherches analytiques. Ainsi se forma peu à peu l’admirable expérimentateur qu’il se montra plus tard dans tous ses travaux.

En même temps, il poursuivait avec ardeur son instruction théorique dans les livres et les mémoires des savants les plus illustres. Dans le Traité de Physique de Biot, qui venait de paraître, il trouvait nombre de sujets d’étude sur l’art d’observer, d’expérimenter, de consulter la nature et de découvrir les lois de ses phénomènes. Les Annales de Chimie lui offraient de beaux modèles dans les Mémoires de Berzélins, de Davy, de Gay-Lussac et de Thénard, qui y paraissaient successivement. Il lisait avec un zèle infatigable les Mémoires de Lavoisier et la Statique chimique de Berthollet. La Théorie élémentaire de la Botanique de A.-P de Candolle et les conseils affectueux de son illustre auteur ne l’ont retenu que peu de temps, assez toutefois pour lui permettre d’écrire une monographie des Gentianées, de poursuivre avec Guillemin des observations sur l’hybridité des plantes et de projeter un voyage à Berlin « qui lui aurait, dit-il, fourni les moyens de comparer la végétation de nos glaciers avec celle d’une contrée beaucoup plus rapprochée du pôle ».

En lui ouvrant les larges horizons de la science, cette forte éducation, à la fois pratique et théorique, le remplit d’un enthousiame dont on trouve la preuve dans la lettre qu’il écrivait à son père le 8 novembre 1818, un an et demi seulement après son arrivée à Genève. « Mon bon père, pendant la première, époque de ma vie, pendant cette époque de bonheur que j’ai passée près de vous, la littérature seule m’occupait ; elle embellissait mes jours, et ne me laissait même pas