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XLIX
DE JEAN-BAPTISTE DUMAS

Les plus humbles de ses laboratoires, souvent témoins de méditations solitaires et fécondes sur les lois de la nature, ne perdraient ce privilège qu’au détriment de la science et du pays. »

La générosité de Le Royer lui laissant tous les loisirs nécessaires, il cherche à compléter son éducation scientifique. Il suit le cours de Physique de Pictet, le cours de Chimie de Gaspard de la Rive, le cours de Botanique d’Auguste-Pyrame de Candolle. Il avait été recommandé à de Candolle et aussi à Théodore de Saussure par Étienne Bérard et par le maire d’Alais, baron d’Hombres-Firmas, à qui de Candolle écrivait peu de temps après « Votre jeune protégé nous donne les plus grandes espérances, s Ces deux savants illustres lui témoignèrent de l’intérêt, l’encouragèrent dans ses études et enfin l’admirent dans leur intimité.

À sa grande pharmacie, Le Royer avait joint un laboratoire assez vaste et assez bien outillé, oia.’Tingry, peu de temps auparavant, avait travaillé et préparé son cours de Chimie pratique. Les étudiants en pharmacie, camarades de Dumas, qui se réunissaient souvent en été pour des excursions botaniques, eurent l’idée de former pendant la saison d’hiver une association pour les études scientifiques. On s’assemblait chaque mardi dans Ma petit local, qui ccrûtait trois francs par mois. « Nous y faisons bon feu, écrit Dumas à son père en 1817, et nous lisons par leur un Mémoire de notre composition. C’est là l’objet de nos discussions, qui sont toujours paisibles, par la conviction que chacun a de sa faiblesse. » Puis, profitant de ce qu’il avait un laboratoire à sa disposition, ses camarades lui proposèrent de leur faire un cours de Chimie expérimentale. Ce fut son début dans sa carrière de professeur.

La tâche n’était pas aisée, car le laboratoire manquait de bien des choses, notamment des instruments nécessaires pour préparer et recueillir les gaz. Il fallut s’ingénier. En place d’éprouvettes, on se servit de verres de lampe qu’on bouchait à une extrémité avec des verres de montre mastiqués à la cire. Une vieille seringue en bronze