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XLV
DE JEAN-BAPTISTE DUMAS

tant sur ma bonne volonté et sur l’indulgence de l’Académie, j’ai tout de même entrepris cette grande et belle tâche. Puissé-je n’être pas resté trop au-dessous d’elle !


I.


Dumas (Jean-Baptiste-André) est né le 14 juillet 1800 à Alais (Gard), ville qui ne comptait alors que quelques milliers d’habitants. Son père, dessinateur détalent et peintre distingué, après avoir séjourné plusieurs années à Paris, s’était retiré dans sa ville natale, où il exerçait les modestes fonctions de secrétaire de l’Hospice civil. Sa mère, sous des dehors très simples, était pleine d’intelligente et calme énergie. Il fit avec grand succès ses études classiques au collège d’Alais, estimé de ses maîtres, qui fondaient déjà sur lui de grandes espérances : un de ses discours français resta longtemps affiché dans le salon d’honneur aimé de ses camarades, auxquels il faisait oublier sa supériorité en rédigeant souvent leurs devoirs en même temps que les siens. Il avait l’idée, encore un peu vague, de se préparer à l’École navale. Mais, vers sa seizième année, le cours de ses études se trouva brusquement interrompu.

Un jour, profitant d’une absence momentanée du maître, les élèves avaient fait du tumulte en classe. Étranger à toute cette agitation, Dumas, pensif et absorbé, suivait sur la carte de France, les Commentaires de César à la main, la marche des armées romaines, lorsque, attiré par le bruit, le Principal du collège arriva tout effaré et, saisissant le premier élève qu’il rencontra, le seul qui fût debout, le frappa violemment à la tête de son trousseau de clefs. C’était Dumas. Blessé jusqu’au sang et nullement coupable, il sortit aussitôt du collège et refusa d’y rentrer, malgré les supplications et les excuses qui furent faites par le Principal eu père et à l’enfant.

Dès lors, grâce aux facilités que lui donnait la situation de son père,