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XXVII

tions. Par sa double fonction, sécrétrice de la bile et régulatrice du sucre, le foie, auquel nous sommes ainsi ramenés, occupe sous ce rapport une situation privilégiée. Aussi est-il l’organe le plus chaud du corps, le plus actif foyer de la chaleur animale. Le sang qui en sort par les veines sus-hépatiques est beaucoup plus chaud que celui qui y entre par la veine porte c’est lui surtout qui échauffe le plus le sang du cœur droit. Quant au sang artériel, il distribue d’un seul coup et sans grande déperdition la chaleur qu’il a reçue.

C’est donc dans la profondeur du corps, dans les divers tissus dont il se compose et dans chacune des cellules de ces tissus, que se produit la chaleur animale, et ce sont les phénomènes nutritifs, aboutissant toujours à une oxydation, qui lui donnent naissance. Le sang joue le rôle à la fois d’excitateur des phénomènes nutritifs et de régulateur de la température produite par eux, ici gagnant, là perdant de la chaleur et, par le mélange de ses diverses parties, par sa course incessante, empêchantles échauffements et les refroidissements locaux excessifs. L’excès de chaleur est, en effet, redoutable entre tous ; car Bernard prouve que lorsque la température générale du corps est élevée artificiellement de trois ou quatre degrés, la contractilité musculaire disparaît, le cœur s’arrête, et c’est la mort.

Phénomènes nutritifs et chaleur qu’ils engendrent sont, chez tous les animaux supérieurs, soumis à l’influence du système nerveux, et cette influence, étudiée par lui avec une rare pénétration, a conduit Claude Bernard à l’une de ses plus importantes découvertes. Voici en quels termes Paul Bert nous l’a présentée

« Une expérience déjà bien ancienne, puisqu’elle date de Pourfour du Petit, en 1727, avait montré que, si l’on sectionne à la région du cou le cordon du nerf grand sympathique, la pupille de l’œil correspondant se contracte aussitôt. Claude Bernard refait l’expérience et il voit ce que personne n’avait vu avant lui, c’est-à-dire que tout le côté de la face correspondant au nerf coupé rougit, se tuméfie, s’échauffe. Le fait