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et enfin quel rôle joue dans ces divers phénomènes le système nerveux, comme on le verra tout à l’heure.

En résumé, le glucose provenant des aliments et amené au foie par la veine porte s’y déshydrate et s’y dépose, sous forme de glycogène, dans les cellules où il s’emmagasine. Puis, dans la mesure du besoin, celui-ci se réhydrate sous l’action du ferment, se dédouble et régénère finalement le glucose, qui passe dans le sang et est entraîné au cœur par les veines sus-hépatiques. Quand il arrive au foie, si le sang renferme trop de glucose, il en dépose l’excès sous forme de glycogène ; s’il n’en contient pas assez, il prend ce qui lui manque ; de manière à conserver toujours, à sa sortie, sa composition normale en glucose, malgré les variations, si grandes soient-elles, du régime alimentaire. En un mot, le foie ainsi compris est un admirable régulateur du glucose dans le sang et, par lui, dans l’organisme tout entier,

Couronnée par cette brillante découverte, l’étude des phénomènes nutritifs qui, tous, produisent de la chaleur, devait conduire Claude Bernard à rechercher l’origine et la répartition de la chaleur dans le corps des animaux. Il y parvint en mesurant et comparant les températures des diverses régions du corps, à l’aide de thermomètres appropriés qu’il introduisait dans l’épaisseur des divers tissus, dans les cavités du cœur et jusque dans les vaisseaux. Il put s’assurer ainsi que le sang du cœur droit, le sang veineux, est toujours plus chaud que le sang du cœur gauche, le sang artériel. En traversant les poumons, le sang se refroidit donc, ce qui s’explique à la fois par le contact de l’air extérieur et par la transpiration, mais ce qui est contraire il la théorie qui, depuis Lavoisier, place dans les poumons le lieu de production de la chaleur. En traversant les diverses parties du corps, au contraire, le sang se réchauffe en prenant à ces parties une quantité de chaleur d’autant plus grande que les phénomènes nutritifs y sont plus intenses j d’autant plus grande aussi qu’elles sont plus profondes et plus centrales, que le sang qui les traverse est donc moins exposé aux déperdi-