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fut aussitôt pourvue d’un laboratoire nouveau, construit avec tous les soins requis par la science moderne, muni de tous les instruments nécessaires, d’un budget suffisant et d’un personnel exercé.

C’est désormais dans ce laboratoire du Muséum que se développa, aussi féconde que jamais, son activité scientifique. Dans ce grand Établissement, consacré exclusivement aux recherches dans toutes les directions des sciences naturelles, il put imprimer à l’enseignement de la Physiologie générale le caractère expérimental qu’il a défini dans les termes cités tout à l’heure, où il excellait et qu’à l’exemple de Magendie il donnait depuis longtemps au Collège de France à celui de la Médecine. Mais surtout il étendit aux plantes ses recherches et son enseignement, jusque-là consacrés exclusivement aux animaux.

Voyant alors s’effacer une à une toutes les différences admises entre la Physiologie animale et la Physiologie végétale, dont il avait lui-même fait disparaître dès 1850 l’une des plus importantes en découvrant la fonction glycogénique du foie, il put enfin donner à la Physiologie générale sa véritable signification. Entre ses mains, elle est devenue vraiment la Physiologie commune à tous les êtres vivants, sans acception d’animal ou de plante, la Physiologie biologique, en un mot, la vie tout entière en action. Son transfert au Muséum a donc marqué dans sa carrière un tournant décisif et dans la Science une ère nouvelle, où ses efforts ont puissamment contribué à la fondation de la Biologie. Les premiers résultats acquis dans cette seconde période ont été résumés dans un ouvrage en deux volumes, sous le titre significatif de Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux ; on y reviendra tout à l’heure.

Il poursuivait activement ses recherches dans cette voie féconde, lorsque, à la fin de décembre 1877, la terrible maladie à laquelle il avait échappé douze ans auparavant revint toùt àcoup, plus implacable, et l’emporta le 10 février 1878, âgé seulement de soixante-quatre ans. Malgré tout ce que la Science pouvait encore légitimement attendre de