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XVIII
ÉLOGE DES DONATEURS DE L’ACADÉMIE.

récompenser les travaux utiles au progrès des Mathématiques pures ou appliquées. Le lauréat doit être choisi de préférence parini de jeunes savants, dont la situation n’est pas encore assurée, ou parmi des géomètres, dont la vie, consacrée à la Science, n’aurait pas suffisamment assuré le repos et l’aisance de leur existence.

En 1893, l’Académie a reçu une fondation inspirée par une pensée touchante. Mme Vve  Isbecque, déplorant son manque d’instruction, nous a laissé 10000fr pour la fondation d’un prix destiné à récompenser un jeune écolier pauvre, de 12 à 16 ans, studieux, soumis à ses maîtres, respectueux envers ses supérieurs, élevé dans des principes moraux.


VIII.


Parmi les noms dont s’honore notre Compagnie, s’il en est de plus grands et de plus illustres, aucun n’est plus pur, ni plus honorable, que celui de Jean-Dominique Larrey, le chirurgien de la grande armée, celui que nos soldats appelaient la Providence et de qui Napoléon a dit, à Sainte-Hélène, qu’il n’avait jamais connu d’homme plus vertueux. Larrey, qui succéda en 1829 à Pelletan dans notre Section de Médecine et Chirurgie, avait laissé un fils, Félix-Hippolyte, qui fut, en 1859, médecin en chef de nos armées d’Italie et devint à son tour membre de notre Compagnie dans la Section des Académiciens libres. Il avait hérité de toutes les vertus de son père. Après nos désastres de 1870, il recueillit et adopta, en quelque sorte, une héroïne de la guerre, Mlle Juliette Dodu qui, à peine âgée de 20 ans, avait eu le courage de servir son pays au péril de sa vie. Directrice du Bureau de télégraphe de Pithiviers, elle réussit à intercepter pendant la nuit les dépêches du prince Frédéric-Charles et à les transmettre au commandant de l’armée de la Loire, le général d’Aurelles de Paladines, qu’elle sauva ainsi d’une perte presque certaine car il courait le risque d’être enve-