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du Gymnase. La même année aussi, il était allé à Bruxelles pour prendre part à un Congrès d’un genre tout particulier. Un grand industriel, M. E. Solvay, doublé d’un Mécène, auquel notre Académie décerne aujourd’hui même la médaille Lavoisier, avait réuni les physiciens les plus qualifiés du monde entier, en leur demandant de discuter à fond les idées nouvelles sur la Mécanique. Poincaré a pris part à ces discussions qui viennent d’être publiées[1].


XX.


Ces excursions que notre Confrère devait faire ainsi à l’étranger étaient fort loin de lui déplaire. Dès son enfance, il avait pris le goût des voyages, et l’on peut dire qu’il était de ceux qui connaissent le mieux notre planète. Pour ma part, je l’ai rencontré en bien des endroits différents : à Londres, à Rome, à Vienne, à Budapest, à Copenhague, à Saint-Louis d’Amérique, à Philadelphie, à New-York, à Boston. Sa valise n’était pas toujours dans un ordre parfait, et l’on rappelait quelquefois dans sa famille qu’un jour, par mégarde, en Autriche, il avait emporté un drap de lit de l’hôtel ; mais il savait voyager, et j’ai pu constater plus d’une fois, par moi-même, qu’on pouvait s’en rapporter à lui. D’ailleurs, dans les conversations que nous avions ensemble, je ne me lassais pas d’admirer son grand bon sens, sa perspicacité, le merveilleux équilibre de son esprit. S’il a été hors de pair en Mathématiques, on peut affirmer qu’il aurait admirablement réussi dans toutes les carrières qu’il aurait pu choisir.

Ces qualités trouvèrent leur application dans les tâches diverses qui lui furent confiées. Quand l’Académie des Sciences obtint du Gouver-

  1. La théorie du rayonnement et des quanta. Rapports et discussions de la réunion tenue à Bruxelles sous les auspices de M. Solvay. Publiés par MM. P. Langevin et M. de Broglie. Paris, Gauthier-Villars, 1913.