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VII
ÉLOGE DES DONATEURS DE L’ACADÉMIE.

tion de sa langue et de ses exercices nationaux. Il a voulu assurer après lui la continuation de son œuvre sociale comme de son œuvre scientifique, et il les a confiées toutes deux à l’Académie des Sciences, dont il était un des membres les plus respectés. J’ose dire que l’Académie n’a pas failli à la tâche qui lui a été ainsi assignée. Sous l’habile direction de M. l’abbé Verschaffel, l’observatoire d’Abhadia s’est placé au premier rang pour les observations méridiennes ; depuis 1902, date de l’entrée en possession de l’Académie, il n’a pas publié moins de dix Volumes d’observations, devenant ainsi un des collaborateurs les plus précieux pour l’exécution de cette œuvre grandiose de la Carte du Ciel qui sera un titre d’honneur de la France au xixe et au xxe siècles. Pour sa tâche sociale comme pour son œuvre astronomique, l’Académie a rempli fidèlement les obligations qui lui étaient imposées. Elle récompense, chaque année, des œuvres écrites et des improvisations en langue basque, elle donne des prix aux meilleurs joueurs de pelote, à ceux qui savent le mieux faire retentir les irrintcina, ces cris de guerre que les Basques ont recueillis de leurs ancêtres.

Quelques-uns d’entre nous ont pu connaître encore Antoine d’Abbadie mais presque tous, on peut le dire, conservent le souvenir de notre confrère Henri Becquerel, décédé il y a seulement trois ans, le 20 août igo8. Né le 10 décembre 1852, dans cette tranquille maison du Muséum où son grand-père Antoine-César Becquerel, où son père Edmond Becquerel, ont vu s’écouler leur existence, tout entière consacrée à la recherche, Henri Becquerel était à peine âgé de 55 ans lorsqu’il nous a été enlevé. Professeur au Muséum et à l’École Polytechnique, membre de notre Académie depuis plus de vingt ans, investi depuis quelques mois à peine des fonctions de Secrétaire perpétuel, tout semblait sourire à sa jeunesse, tout semblait lui promettre un glorieux avenir. Heureux de voir siéger à mes côtés celui dont j’avais guidé les premiers pas dans la carrière des sciences, je prenais plaisir d’avance à l’initier au rôle et à la mission