Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LXVI
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

tion, et l’animal, appareil de combustion. On sait que plus tard, ce point de vue a dû être profondément modifié ; l’antagonisme a fait place à une complète similitude, qui est devenue le fondement même de la Biologie générale.

On le voit, il enseigne partout et partout il exerce une influence et suscite un enthousiasme dont rien ne peut donner l’idée. Partout, devant les auditoires les plus divers, auxquels pourtant il lui faut chaque fois s’adapter, il se montre un admirable professeur.

Voyez-le à la Sorbonne. « J’arrivais du fond de ma province, dit Pasteur, quand je l’entendis pour la première fois. Il avaitalors 43 ans. J’étais élève de l’École Normale. Nous suivions assidûment ses leçons à la Sorbonne. Longtemps avant son arrivée, la salle était pleine, les hauteurs couronnées dégroupes d’auditeurs ; lesderniersarrivés étaient refoulés jusque dans l’escalier. À l’heure sonnante, il apparaissait. Les applaudissements ’éclataient de toutes parts, des applaudissements comme la jeunesse seule sait en donner. Toute sa personne avait quelque chose d’officiel habit noir, gilet blanc et cravate noire il semblait qu’il se présentât devant le public comme devant un juge difficile, presque redoutable. La leçon commençait. On sentait dès les premiers mots qu’une exposition claire, facile, quoique mûrement étudiée, allait se dérouler. Comme il cherchait à rendre la Chimie populaire en France, il voulait à la fois être compris immédiatement de tous ses auditeurs et habituer les réfléchis à l’esprit d’observation. Nulle surcharge dans les détails, quelques idées générales, des rapprochements ingénieux, un choix d’expériences dont l’exécution était irréprochable. Son art consistait, non pas à accumuler les faits, mais à en présenter un petit nombre en demandant à chacun toute sa valeur d’instruction. Son respectpour le public était tel que si son préparateur laissait échapper la plus petite faute, il en était presque déconcerté. Autant il se fût imposé à chacun de ses auditeurs pris isolément, autant leur ensemble le dominait… C’est au bas de cette chaire que j’ai