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LVII
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

position de l’eau. C’est ainsi que les nombres fondamentaux 1, 12 et 16, pour l’hydrogène, le carbone et l’oxygène, furent définitivement acquis à la Science. Ces rectifications du poids atomique du carbone et de l’oxygène doivent être considérées comme le prélude d’une longue série de recherches sur les poids atomiques des corps simples, entreprises par Dumas en vue de vérifier l’exactitude de l’hypothèse de Prout, d’après laquelle les poids atomiques des éléments seraient des multiples du poids atomique de l’hydrogène. Publiées beaucoup plus tard, en 1858, elles n’ont jamais cessé d’occuper sa pensée.

En 1841, il s’associe à son ami Boussingault pour déterminer, avec une précision inconnue jusqu’alors, la véritable composition de l’air atmosphérique et pour en démontrer la constance malgré les changements de lieux, de saisons et d’altitude. Ce beau travail conduit les deux chimistes à rédiger cette même année leur Essai de statique chimique des êtres organisés, opuscule fameux, aussitôt répandu partout et traduit dans toutes les langues ; on y reviendra tout à l’heure.

Déjà, dans son étude des alcools, Dumas n’avait pas manqué de distinguer les rapports de propriétés et de composition qui relient ces divers corps entre eux, de sorte qu’il faut y voir l’origine de la classification des composés organiques en séries homologues. En 1842, comparant entre eux les acides issus de l’oxydation de ces alcools et les rapprochant des autres acides extraits par Chevreul des huiles et des graisses, il découvre une seconde série de cette sorte, la série des acides gras ou série aliphatique. Il remarque qu’entre l’acide formique et l’acide margarique s’y étagent régulièrement quinze termes, différant les uns des autres par un atome de carbone et deux atomes d’hydrogène et dont neuf seulement sont alors connus. Une fois signalés ainsi à l’attention, les six autres n’ont pas tardé à être découverts.

Il faut citer encore le perfectionnement du’il a apporté à l’analyse organique par son procédé dit volumétrique de dosage de l’azote, si