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LVI
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

lointaine de tous ces grands hommes. Bien que vous accusiez de témérité le départ de ce simple étudiant qui signait encore ses Mémoires Un élève en pharmacie, et qui pour l’amour de tels noms allait se jeter ainsi en plein inconnu ; on sent que vous eussiez fait comme lui. Tous, nous avons eu de ces entraînements et nous ne nous les reprochons guère. Il y a, en effet, dans la. jeunesse de tout homme de science, et sans doute aussi de tout homme de lettres, un jour inoubliable où il a connu à plein esprit et à plein cœur des émotions si généreuses, où’il s’est senti vivre avec un tel mélange de fierté et de reconnaissance que le reste de son existence en est éclairé à jamais. Ce jour-la, c’est le jour où il approche des maîtres à qui il doit ses premiers enthousiasmes, dont le nom n’a cessé de lui apparaître dans un rayon de gloire. Voir enfin ces allumeurs d’âmes, les entendre, leur parler, leur vouer de près, à côté d’eux, le culte secret que nous leur avions si longtemps gardé dans le silence de nôtre jeunesse obscure, nous dire leur disciple et ne pas nous sentir trop indignes de l’être ! Ah ! quel est donc le moment, quelle que soit la fortune de notre carrière, qui vaille ce moment-là et qui nous laisse des émotions aussi profondes ? Dumas en avait gardé l’ineffacable souvenir. »

Bientôt il se lia d’amitié avec trois jeunes gens de son âge les zoologistes Victor Audouin et Henri Milne-Edwards, et le botaniste Adolphe Brongniart. L’affection de ces trois-hommes, cimentée par des relations journalières et plus tard par des liens de famille, a toujours été regardée par lui comme un des plus grands bonheurs de sa vie. Avec deux d’entre eux, Audouin et Brongniart, il fondait en 1824 les Annales des Sciences naturelles, Recueil encore aujourd’hui vivant et prospère, dont les premiers volumes renferment les trois Mémoires sur la génération, exécutés’à Genève en commun avec Prévost.

La chaire de Chimie de l’Athénée, où Mignet enseignait l’histoire et Magendie la physiologie, étant devenue vacante en 1823 par la démission de son titulaire Robiquet, Ampère réussit à y faire nommer