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partie physique.

mens ; il n’a plus de mémoire, et va se choquer à plusieurs reprises contre un même obstacle. En un mot, il se trouve dans l’état d’un homme qui dort, mais qui ne laisse pas en dormant que de pouvoir se remuer, prendre un position plus commode, &c.

Ce que les expériences de M. Flourens ont de plus curieux, c’est ce qui concerne les fonctions du cervelet. Quand on enlève les premières couches, il ne paraît qu’un peu de faiblesse et de manque d’harmonie dans les mouvemens : aux couches moyennes, il se montre une agitation presque générale ; l’animal, tout en continuant de voir et d’entendre, n’exécute que des mouvemens brusques et déréglés ; sa faculté de marcher, de se tenir debout, se perd par degrés. Si le cervelet est retranché totalement, tout mouvement régulier devient impossible : alors l’animal mis sur le dos ne se relève plus ; il voit cependant le coup qui le menace, il entend les cris, il cherche à éviter le danger et fait mille efforts pour cela sans y parvenir ; il a conservé sa faculté de sentir, mais il a perdu celle de faire obéir ses muscles à sa volonté. En le privant de son cerveau, on l’avait mis dans un état de sommeil ; en le privant de son cervelet, on le met dans un état d’ivresse, et le cervelet se trouve ainsi le balancier et le régulateur des mouvemens de translation de l’animal.

Les expériences de M. Flourens donnent des résultats en grande partie conformes à ceux que M. Rolando, aujourd’hui professeur à Turin, avait obtenus et publiés, en Sardaigne, en 1809 : mais l’ouvrage de ce médecin, imprimé à Sassari pendant la guerre, ne nous était point parvenu ; il a réclamé une possession incontestable, et nous nous faisons un devoir de lui rendre la justice qui lui est due. Cependant nous devons ajouter que M. Rolando, ayant seulement pratiqué des trous au crâne, et enlevé les parties avec un cuilleron, n’a pu obtenir la même précision que M. Flourens, qui, après