Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 5.djvu/763

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
de m. banks.

si jamais la géométrie devenait aussi une affaire de parti. On assure même qu’un personnage auguste, en toute autre occasion ami généreux et éclairé des sciences, eut cette fois la faiblesse de se faire solliciteur, et le malheur de solliciter contre les pointes. Il en parla au président d’alors, le baronet John Pringle, savant d’un esprit judicieux et d’un caractère élevé ; Pringle, dit-on, représenta respectueusement que les prérogatives du président de la Société royale n’allaient pas jusqu’à changer les lois de la nature. Il eût pu ajouter que, s’il est honorable pour les princes, non-seulement de protéger les sciences, comme ils le doivent, mais encore d’amuser leurs loisirs en s’informant des discussions qu’elles occasionnent, ce ne peut être qu’à condition de ne pas faire intervenir leur rang à l’appui des opinions qu’ils adoptent. Ni ces réflexions ne furent faites, ni les représentations de Pringle ne furent reçues avec la bonté à laquelle il était accoutumé ; et comme depuis trois ans cette malheureuse querelle lui avait déjà procuré mille tracasseries, il crut convenable à son repos de donner sa démission. Ce fut à sa place que M. Banks fut élu au mois de novembre 1778. De quel côté s’était-il rangé dans la guerre des pointes et des boutons électriques ? Nous ne le savons pas bien ; mais ce que tout le monde comprend, c’est qu’en pareille circonstance il était impossible que qui que ce fût arrivât à la présidence sans y être accueilli par de grandes inimitiés. M. Banks devait y être plus exposé, précisément parce qu’il jouissait de la faveur de ce même personnage à qui son prédécesseur avait déplu : en outre, il était riche, il était jeune, et, bien qu’il eût fait pour les sciences plus que beaucoup d’écrivains, il avait peu écrit. Que de motifs et que de prétextes pour l’attaquer ! Quelle honte pour l’Angleterre et pour les mathématiques ! un simple amateur allait occuper le fauteuil de Newton ; comme