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SUR LES ÉTHERS COMPOSÉS.

soluble dans l’eau, ne peut affecter les couleurs du tournesol et de la violette, qui servent habituellement de réactifs pour les alcalis. On peut objecter encore que les éthers, considérés comme des sels, devraient opérer avec les sels ordinaires des doubles décompositions qu’on n’observe pourtant pas ; mais ces phénomènes sont trop peu connus dans leurs détails pour constituer une objection fondée, la nullité d’effet pouvant être due à la production de combinaisons solubles analogues aux sulfo-vinates.

Mais nous osons nous flatter néanmoins que l’opinion que nous discutons ici sera admise ; car le meilleur de tous les caractères des bases n’est-il pas la propriété de détruire le caractère acide dans les corps qui en sont pourvus ? et pourrait-on citer beaucoup de sels plus évidemment neutres que les éthers ? D’ailleurs, leur état liquide ou gazeux ne fait rien à la question ; car il existe des sels d’ammoniaque qui sont liquides, et l’hydrocyanate d’ammoniaque n’est pas éloigné de l’état gazeux.

Les transformations singulières d’éther en alcool, d’alcool en éther, que nous avons observées, ne seraient probablement pas admises sans objection, si nous ne pouvions les appuyer d’un exemple frappant et incontestable. Nous le trouvons dans les recherches si remarquables de M. Chevreul sur les corps gras.

Ces corps nous semblent avoir les plus grands rapports avec les éthers composés que nous venons d’étudier ; comme eux, ils sont formés d’une base organique et d’un acide ; comme eux, ils se décomposent par l’influence des alcalis ; comme eux enfin, ils ont pour base une matière qui, en se