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MÉMOIRE

de savoir si l’éther oxalique contenait de l’alcool ou de l’éther sulfurique, semblait ici devoir être aisément tranchée, puisqu’on n’introduisait pas d’eau dans l’expérience. Une quantité indéterminée d’éther oxalique, soumise à un courant de gaz ammoniac, fut bientôt convertie tout entière en un sel blanc que nous devions regarder comme de l’oxalate d’ammoniaque. Le produit liquide, fruit de la réaction, était resté mêlé au sel ; une légère chaleur, jointe à l’effet du courant de gaz ammoniac, l’en a dégagé, et à notre grand étonnement, lorsque l’ammoniaque qu’il contenait en dissolution en a été séparée, nous avons reconnu qu’il s’était produit de l’alcool. Toutefois, dès ce moment même, il nous sembla que la quantité en était beaucoup moindre qu’elle ne devait l’être d’après la quantité d’éther oxalique employée. Nous avons été, comme on peut l’imaginer, fort surpris de ce résultat. Nous ne pouvions admettre que deux suppositions également improbables. La première, c’est que nos données analytiques, nos densités de vapeurs, se trouvaient toutes inexactes ; la seconde, c’est que, dans l’expérience, il s’était formé l’eau nécessaire à la production de l’alcool. Dans ce dernier cas, il aurait dû se dégager de l’azote et de l’oxyde de carbone, et l’expérience, faite en vases clos, nous montrait que la réaction s’opérait sans dégagement de gaz.

En réfléchissant sur ces faits singuliers, convaincus comme nous l’étions de la précision de nos expériences précédentes, nous n’avons pas hésité à conclure que l’ammoniaque, en réagissant sur l’éther oxalique, formait un sel composé de tout l’acide oxalique, de la moitié de l’hydrogène bi-carboné et d’ammoniaque, tandis que l’autre moitié de l’hydrogène bi-carboné, réunie à l’eau, formait de l’alcool.