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plus ou moins prononcées, par suite de leur union avec des matières astringentes qui sont toutes plus ou moins colorées. En associant à ces matières différents sels, vous allez développer des couleurs plus pu moins foncées : si vous vous servez, par exemple, de l’une des trois matières astringentes précitées et d’un sel de fer, vous aurez la base de la teinture en noir. Dans ces opérations, la matière astringente est surtout employée pour former avec l’étoffe et un oxyde métallique une combinaison colorée. Eh bien, les peaux de bœufs, de chevaux, etc., gonflées convenablement et mises dans des fosses avec de l’eau et une matière astringente, telle que l’écorce de chêne, se combinent peu à peu avec la matière astringente que l’écorce a cédée d’abord à l’eau, et il en résulte du cuir tanné ; dans ce cas la matière astringente n’est point destinée à colorer le cuir, mais seulement à le conserver ; car ce n’est qu’accidentellement à l’art du tanneur qu’une peau tannée, au moyen d’une certaine matière astringente, est susceptible de se colorer en noir par le contact d’un sel de fer. Ces exemples démontrent combien il est intéressant de considérer des opérations appartenant à des arts différents, sous le rapport des analogies scientifiques qu’elles peuvent avoir ensemble ; car si l’on ne voulait pas admettre qu’il résulte de cette comparaison des connaissances propres à faire faire des progrès à l’industrie, on ne pourrait se refuser de reconnaître que ces rapprochements sont très-favorables à l’enseignement, et qu’ils peuvent ajouter à l’intérêt des traités généraux, où l’on évite de parler des arts à cause des détails dans lesquels on serait obligé d’entrer.