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Il y a encore deux considérations que je n’ai pas négligées.

La première a été d’envisager l’art de la teinture comme un sujet d’étude capable de réagir sur la théorie même, en offrant des cas d’actions moléculaires que la chimie générale n’a pas compris jusqu’ici dans son domaine, et qui, en s’y plaçant, sont susceptibles d’éclairer des points restés obscurs, tels, par exemple, qu’on en trouve sur la limite de la chimie et de la physique.

Enfin la seconde considération a été de rechercher les analogies qui peuvent exister entre certaines opérations de la teinture et celles d’autres arts qui, quoique différant du premier par le but de leur utilité spéciale, ont avec lui une grande intimité quand on les envisage sous le point de vue des forces moléculaires qui amènent les modifications que l’on veut produire dans les matières objets de ces arts. J’en citerai deux exemples.

1er Exemple. — On unit la laine, la soie, et même le coton à l’alun et à d’autres sels, non pour les conserver, mais pour les rendre aptes à se combiner avec des principes colorants, qui, sans l’intermède de ces sels, se seraient fixés aux étoffes, mais ne leur auraient donné que des couleurs aisément destructibles sous l’influence de la lumière et des agents atmosphériques. Eh bien, cet alun, auquel on associe le sel marin, puis le suif, est uni aux peaux de bœuf, etc., non plus dans la vue de les rendre propres à fixer des principes colorants, mais pour les conserver et leur donner les qualités qu’on recherche dans le cuir hongroyé.

2e Exemple. — En faisant agir sur des étoffes des matières astringentes, telles que la noix de galle, le sumac, le bablah, etc., vous allez donner aux premières des couleurs