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projectiles, faites au moyen du pendule balistique de Robins, et M. le chef de bataillon du génie Augoyat qui, dans un intéressant travail inséré au 7e N° du Mémorial de l’officier du génie, a réuni et discuté, avec beaucoup de sagacité, toutes les données expérimentales et théoriques qu’on possédait, sur les effets de pénétration, à l’époque de 1825. Néanmoins nous ne rendrions pas à nos compatriotes toute la justice qui leur est due, si nous négligions d’ajouter que l’abbé Camus, membre de l’ancienne Académie des sciences, le même qui, en 1728, prit part à la dispute des forces vives, a exposé, dans les Mémoires de cette illustre Société, pour l’année 1738, c’est-à-dire sept ans avant l’époque où écrivait Euler, des notions fort saines sur la pénétration, et qui cadrent en plusieurs points avec celles dont il vient d’être parlé.

Camus se propose, dans cet article, de donner une explication mathématique, souvent reproduite depuis, du phénomène que présente un corps mobile pénétrable, tel qu’une porte en bois épaisse, librement suspendue sur des gonds, lorsqu’il vient à être traversé par une balle de mousquet sans en recevoir de vitesse sensible. Il observe très-bien que la résistance à la pénétration, quoique fort grande pour les corps solides, est néanmoins comparable à un poids ou à une pression ordinaire, et que, si elle dépend essentiellement, pour les fluides, de la masse et de la vitesse des parties déplacées, ce qui la fait croître comme la densité et le carré de cette vitesse, elle doit en être sensiblement indépendante pour les milieux cohérents, tels que les bois, où la ténacité des fibres joue le principal rôle, et conserve, en chaque point, une valeur qui peut être censée constante.

Ces théories de Camus et d’Euler ne pouvaient évidemment s’appliquer aux petits enfoncements observés par Bernouilli,