Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 10.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre lesquels on a placé des rondelles de plomb, de cuir ou de flanelle, et que les joints ainsi composés sont serrés par des boulons, leur contraction ou leur dilatation devient en quelque sorte impossible, mais alors, les boulons qui retiennent entre elles les brides des tuyaux contigus ou ces brides elles-mêmes, se brisent, et leur rupture entraîne encore des pertes d’eau comme si le joint compris entre elles s’était ouvert dans son épaisseur.

Voilà pourquoi quand on relève d’anciennes conduites qui avaient été posées de cette manière, on eu trouve les collets brisés de distance en distance. Les anciennes conduites de Marly, que nous avons eu occasion d’examiner, présentaient beaucoup d’exemples de ces ruptures.

Une multitude de fractures semblables eurent lieu sur la conduite des eaux de Chaillot, que l’ancienne compagnie Perrier fit poser sur le boulevard, depuis la porte St.-Honoré jusqu’à la place de la Bastille ; quand au bout de quelques années et par suite du mauvais succès des spéculations de cette compagnie, cette conduite eut passé dans le domaine de la ville de Paris, on attribua les ruptures fréquentes qu’elle éprouvait à la seule influence des variations de la température auxquelles elle était soumise, et comme c’était presque toujours aux joints de ces tuyaux que ces ruptures avaient lieu, on se proposa de les prévenir en abattant leurs collets, et en emboîtant leurs extrémités dans des espèces de manchons de bois formés de douves d’un décimètre ou deux d’épaisseur, entourées de plusieurs cercles de fer. Les extrémités des tuyaux consécutifs reçues dans chaque manchon, pouvaient ainsi s’y mouvoir en avançant et en reculant, et si la dilatation et la condensation du métal eussent été les seules causes des ruptures