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ayant été forcé d’avoir quelques rapports avec un vaisseau turc, l’équipage, lors de son retour à Céphalonie, fut mis en quarantaine. Le patron, qui était monté quelques instants à bord du bâtiment ottoman, était déjà atteint des premiers symptômes de la peste, sans toutefois que les autres marins en donnassent aucun indice. Néanmoins le médecin anglais du lazaret résolut de les soumettre tous également à un traitement mercuriel énergique, interne et externe. Ainsi qu’il l’avait prévu, tous ces individus furent successivement attaqués de la peste, mais avec des différences extrêmement remarquables. Le patron et un autre homme de l’équipage, qui n’avaient éprouvé aucun effet sensible du traitement mercuriel, subirent la maladie dans toute sa violence et sa malignité, et ils y succombèrent. Au contraire, les matelots, sur qui le mercure produisit ses effets ordinaires en se portant sur les glandes salivaires, ne furent atteints que de symptômes sans aucun danger. Ils échappèrent à la mort, et rien ne peut faire douter que cette heureuse issue n’ait été causée par les frictions mercurielles, qui ont empêché et prévenu le développement de la maladie et ses suites funestes.

Un moyen aussi simple et aussi facile, qui préviendrait sinon l’invasion de la peste, du moins ses effets mortels, doit exciter, ajoute M. de Jonnès, un intérêt d’autant plus grand, que des communications avec des navires infectés de cette contagion peuvent être provoquées à chaque instant par les événements dont la Méditerranée est aujourd’hui le théâtre.

M. Brechet, l’un de nos anatomistes et chirurgiens les plus instruits, a porté l’attention des gens de l’art sur une