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a développé sa puissance meurtrière, depuis le littoral du Mexique jusqu’à Cuba. Ce fait s’élève contre l’opinion qui rattache l’origine de cette maladie à l’état de l’atmosphère, et qui fait de l’humidité de l’air sa cause essentielle ou l’une des conditions de son existence. Il semble indiquer que si les contrées de l’Inde en sont exemptes, il ne faut pas l’attribuer à la sécheresse de leur climat, et qu’il ne faut pas non plus accuser de ses ravages l’humidité des contrées de l’Amérique. Loin d’être arrêtée dans ses progrès ou atténuée dans sa malignité, par l’influence d’une constitution extraordinairement sèche, la fièvre jaune a montré cette année aux Antilles sa plus grande activité de propagation et ses symptômes les plus redoutables. Elle a fait périr beaucoup plus du tiers de ceux qu’elle a atteints, ct, pour la première fois, depuis 1820, elle s’est manifestée par les caractères qui lui sont communs, à quelques époques, avec les contagions les plus formidables : des pétéchies et des charbons gangréneux. D’après les recherches de M. de Jonnès, ce dernier caractère n’a été observé, dans les irruptions de la fièvre jaune, qu’aux époques suivantes : à la Martinique en 1694, par Labat ; en 1796, par Davidson ; en 1802, par Savarési et Moreau de Jonnès ; à Rochefort en 1694, par Chirac ; à la Barbade en 1715, par Hughes ; à Minorque en 1744, par Cléghorn ; à Saint-Domingue, de 1733 à 1746, par Poupée Desponts ; à New-York en 1798 et 1805 ; à London en 1798 ; à Cadix en 1800, par les médecins anglais, et à Gibraltar en 1804, par Pym.

Un fait récent, dont la connaissance est acquise par des documents officiels, a été pareillement communiqué à l’Académie par M. Moreau de Jonnès. Un bateau ionien