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À ces arguments, M. de Blainville, qui a fait le rapport sur l’ouvrage de M. Jacobson, en a oppose d’autres qui ne lui paraissent pas moins concluants. On voit dans l’ovaire des œufs tout semblables à ceux qui, à une certaine époque, remplissent les branchies externes. On peut suivre leur route depuis leur premier séjour jusqu’au second : avant que l’ovaire se débarrasse, la branchie se remplit d’une liqueur laiteuse, comme pour se préparer à recevoir le dépôt qui va lui être confié ; un animal parasite irait-il déposer ses œufs au fond de cette cavité regardée comme l’ovaire ? les déposerait-il même en si grande abondance dans les branchies, et seulement dans les branchies externes, sans qu’il s’en répandît ailleurs ? Les anodontes, les mulètes ne marqueraient-elles pas quelque souffrance lorsqu’elles seraient ainsi surchargées de parasites ? Au contraire, on ne voit jamais à leurs branchies des traces de désorganisation. Pour mieux établir son opinion, M. de Blainville a observé, de concert avec M. de Roissy, des mulètes et des anodontes dans la saison où leurs branchies se remplissent. Ils les ont vu pondre et déposer des grains, qu’ils ont regardés comme des œufs, par séries assez régulières et en petites masses inégales ; mais ils n’ont pu en voir sortir de petits animaux : observation qui serait assez peu d’accord avec celles d’après lesquelles les petits éclôraient dans le corps même de la mère, ce qui serait nécessaire si les êtres sur lesquels on est en doute étaient les petits eux-mêmes ; car bien certainement ceux-ci se développent dans le corps de la moule. MM. Éverard, Home et Baüer ont vu les œufs bien formés dans l’ovaire le 10 août ; ils les ont vus passer dans l’intérieur de la branchie vers le 20, mais offrant déjà le petit bivalve au tra-