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les regarda comme la progéniture de ces testacés. Il devait s’y croire d’autant plus autorisé, qu’à une époque antérieure, on trouve, au lieu de bivalves, des œufs qui bientôt laissent voit le petit bivalve dans leur intérieur, et qu’en les observant encore plus tôt, on découvre ces œufs, non pas dans les branchies, mais dans l’ovaire situé vers le dos de l’animal : aussi son opinion a-t-elle été généralement adoptée, sauf quelques légères modifications, jusqu’à ces derniers temps où quelques naturalistes du Nord ont cru devoir la combattre.

L’un d’eux, M. Rathke, a pensé que ces petits bivalves sont des animaux parasites, dont il a même cru devoir faire un genre sous le nom de cyclidium. M. Jacobson, savant anatomiste de Copenhague, a adressé à l’Académie un Mémoire à l’appui de cette manière de voir. Il y montre que la forme des petites coquilles n’est pas la même que celle des grandes dont les branchies les recèlent : en effet, leur forme approche de la triangulaire, et leurs valves ont chacune un petit crochet mobile et denté ; entre ces crochets sort un petit faisceau de filets très-irritables, qui tient à l’abdomen. Il fait remarquer qu’elles sont de même grandeur et de même forme dans les diverses espèces, quelle que soit la taille de ces dernières ; que leur développement n’est en rapport ni avec la saison, ni avec l’âge de l’individu où elles sont contenues ; que leur quantité semble énorme en proportion du nombre existant des animaux dont on croit qu’elles sont les petits. Il ajoute enfin qu’il est bien difficile de concevoir comment des organes aussi délicats que les branchies ont pu être destinés naturellement à remplir la fonction d’oviductes, et même d’utérus.