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aux dépens de celles des bourdons. M. Lepelletier de St.-Fargeau pense que certaines voluccelles qui semblent tenir le milieu entre deux espèces du même genre, ne forment pas véritablement une troisième espèce, mais sont le résultat de ces accouplements qu’il appelle illégitimes. C’est une présomption qui mériterait d’être constatée par des expériences suivies.

M. Léon Dufour, qui a travaillé avec beaucoup de suite à l’anatomie des insectes, et qui a décrit les viscères d’un très-grand nombre d’entre eux, a présenté un Mémoire sur le genre des forficules, nommés vulgairement perce-oreilles, où il entre dans les plus grands détails sur leur splanchnologie.

Leurs organes de la digestion ne ressemblent pas entièrement à ceux de l’ordre dans lequel on les range, celui des orthoptères ; elles ont des appendices pyloriques plus notables : leur second estomac ou gésier est très-petit, quoique très-propre à la trituration ; leurs appendices hépatiques sont plutôt disposées comme dans les hyménoptères, comme dans les guêpes, par exemple, etc. De ces détails, et de quelques autres relatifs à la disposition des anneaux de l’abdomen, M. Dufour conclut que l’on doit, à l’exemple de M. Kirby, faire des perce-oreilles un ordre particulier. Il le nomme labidoüre, ce qui signifie queue en tenaille, et se rapporte à la conformation singulière de la pince qui termine l’abdomen des perce-oreilles, et qui déjà en latin les a fait nommer forficula.

Nous sommes loin de l’époque où Linnæus avait cru pou-