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L’empereur Frédéric II, qui entretenait des relations assez intimes avec les princes du Levant, et qui avait envoyé un ours blanc au soudan d’Égypte, en reçut en retour une girafe, qui a été décrite par Albert-le-Grand. Il en fut envoyé une autre à son fils naturel, Mainfroi, roi de Sicile.

La troisième et en’ même temps la dernière qui ait été vue dans la chrétienté, avant celle qui est maintenant à Paris, avait été envoyée à Laurent de Médicis, en 1486, par le soudan d’Égypte : elle est peinte dans les fresques de Poggio Caiano ; et Antoine Constanzio, qui l’avait vue à Fano, l’a décrite dans une lettre insérée dans son Recueil d’épigrammes, imprimé en 1502, et adressé à Galéas Manfredi, prince de Faenza.

Les parties du corps de la girafe étaient elles-mèmes rares dans les cabinets.

Buffon et Daubenton n’en ont jamais vu qu’un os du radius, qui était conservé d’ancienne date au garde-meuble de la couronne comme un os de géant. Depuis quelques années, on en possédait des peaux au cabinet du roi et au muséum britannique ; et le premier de ces établissements en avait un beau squelette. Les derniers voyages en Afrique les ont rendues plus communes. Feu Delalande en a rapporté du Cap une peau de femelle et plusieurs têtes osseuses, il en est venu récemment plusieurs squelettes du Sénégal, et M. Ruppel en a envoyé aussi des peaux et des têtes au cabinet de Francfort ; mais c’est en Nubie qu’il les a recueillies, pays où la girafe vivante du Jardin du Roi paraît également avoir été prise.

Ces différentes peaux ne se ressemblent pas entièrement pour la grandeur et pour la distribution des taches, et l’on observe aussi quelques variétés dans les formes des têtes, ce