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la célèbre fête dont Athénée nous a conservé le détail. L’espèce a été décrite par Agatharchide et par Artémidore. César en fit paraître une à Rome, dans les jeux du Cirque, 45 ans avant Jésus-Christ. Il y en a une représentée assez exactement sur la mosaïque de Palestrine, monument que l’on croit de l’époque d’Adrien. À la fin du premier millénaire de Rome, l’an de Jésus-Christ 248, l’empereur Philippe fit voir, entre autres animaux extraordinaires, jusqu’à dix girafes à la fois ; et il en parut encore plusieurs au triomphe d’Aurélien, en 284.

Il en est question ensuite dans nombre d’auteurs. Cosmas, Philostorge, Héliodore, Marcellin, Cassianus Bassus, Pachimère, en parlent plus ou moins exactement ; et l’on juge, par ce que ces écrivains en disent, qu’il avait dû en être amené plus d’une fois, soit à Alexandrie, soit à Constantinople.

Depuis la conquête de l’Afrique par les Arabes, c’est presque aux princes mahométans que le privilége d’en posséder a été réservé, et ce sont eu général les maîtres de l’Égypte qui en ont fait des présents. Il en fut envoyé une à Tamerlan, à Samarkand, en 1404. Bernard de Breitenbach, chanoine de Mayence, en vit une au Caire, en 1483, et la représenta grossièrement dans son Voyage à la Terre-Sainte, imprimé en 1486. Les sultans de Constantinople en ont reçu à plusieurs reprises. Gillius en vit trois dans la ménagerie du sérail, au commencement du seizième siècle, et Thevet, son compagnon de voyage, en donne des figures dans sa Cosmographie. Il y en avait une peu de temps avant l’arrivée de Busbeck, en 1554. Michel Baudier y en dessina une en 1622, et M. le comte Andréossy a fait voir à l’Académie la gravure qui se trouve dans l’Histoire du sérail de cet auteur, imprimée en 1632 ; mais, dans l’Europe chrétienne, on n’en cite que trois durant tout le moyen âge.