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quelquefois lui font prendre une direction rétrograde. Tantôt ce sont les espèces du Nord qui s’enfoncent vers le tropique ; tantôt celles du Midi qui remontent vers le Nord ; et quelquefois des groupes appartenant à ces races distinctes font échange de patrie, se croisent, et, chacun de leur côté, s’en vont établir des colonies dans des stations privilégiées, au milieu de populations végétales auxquelles ils ne sont pas moins étrangers par la physionomie que par le tempérament.

Ces difficultés n’ont point rebuté M. de Mirbel; il distingue dans l’ancien continent, depuis l’équateur jusqu’au pôle arctique, cinq régions végétales, savoir : la zone équatoriale, la zone de transition tempérée, la zone tempérée, la zone de transition glaciale, et la zone glaciale.

Partout où aucune limite accidentelle n’arrête ces zones dans leurs expansions naturelles, on peut les comparer aux couleurs du prisme, qui se fondent les unes dans les autres par leurs bords ; de sorte que l’œil ne saurait les séparer, alors même qu’il les distingue parfaitement. Pour marquer le terme des différentes zones, le moyen le plus sûr est de prendre pour limite de chacune d’elles les points d’arrêt des espèces qui, caractérisant le mieux sa flore particulière, cessent de se propager sitôt que des changements notables et généraux dans les températures annuelles amènent sur la scène une flore nouvelle.

M. de Mirbel avoue qu’il lui a été impossible de faire l’application de ce procédé à la zone équatoriale, parce que des sables et des chaînes de montagnes y contrarient trop souvent l’expansion normale de la végétation : il a été plus heureux en remontant vers le Nord. La zone de transition équa-