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cienne histoire du globe, dont la géologie cherche l’explication.

Beaucoup de géologistes se croient autorisés à penser que la mer a envahi à plusieurs reprises la surface d’une partie de nos continents, et qu’il y a eu entre ses invasions des intervalles pendant lesquels cette surface était à découvert, et nourrissait des végétaux et des animaux terrestres. Ils fondent cette opinion sur les alternatives de couches remplies de productions de la mer, avec d’autres qui ne paraissent contenir que des productions terrestres.

M. Constant Prevost n’a pas jugé cette manière de voir conforme aux faits qu’il a observés ; et, dans un Mémoire présenté à l’Académie, il s’attache à prouver qu’entre les divers terrains de transport et de sédiment il n’existe aucune couche que l’on puisse regarder comme ayant formé une surface continentale, et ayant été couverte pendant longtemps de productions terrestres. Il en a vainement cherché des traces au contact des terrains marins et des terrains d’eau douce : il rappelle que les fleuves portent à de grandes distances des débris organiques de toute espèce, et que les eaux de la mer, accidentellement soulevées de leur bassin, font quelquefois irruption sur des terrains bas, dans des marais et des lagunes dont le fond a dû être rempli auparavant de dépôts renfermant des débris de productions de la terre et de l’eau douce ; il fait sentir enfin que, par diverses causes, le détroit de la Manche doit avoir sur son fonds des alternations de couches fort analogues à celles qui constituent la partie inférieure de beaucoup de terrains tertiaires, et que, si le niveau en baissait de vingt-cinq brasses, il se changerait en un vaste lac, où il se formerait des dépôts très-sem-