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autre méditation était devenue impossible. Vous vous séparâtes par l’effet d’une résolution unanime, et cette seule fois vos travaux habituels furent interrompus.

Il est beau sans doute, il est glorieux, il est digne d’une nation puissante de décerner des honneurs éclatants à la mémoire de ses hommes célèbres. Dans la patrie de Newton, les chefs de l’état ont voulu que les restes mortels de ce grand homme fussent solennellement déposés parmi les tombes royales. La France et l’Europe ont offert à la mémoire de Laplace une expression de leurs regrets moins fastueuse sans doute, mais peut-être plus touchante et plus vraie.

Il a reçu un hommage inaccoutumé ; il l’a reçu des siens dans le sein d’une compagnie savante qui pouvait seule apprécier tout son génie. La voix des sciences éplorées s’est fait entendre dans tous les lieux du monde où la philosophie a pénétré. Nous avons sous les yeux des correspondances multipliées de toutes les parties de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Italie, de la Nouvelle-Hollande, des possessions anglaises dans l’Inde, des deux Amériques ; et nous y trouvons ces mêmes sentiments d’admiration et de regrets. Certainement ce deuil universel des sciences si noblement et si librement exprimé, n’a pas moins de vérité et d’éclat que la pompe sépulcrale de Westminster.

Qu’il me soit permis, avant de terminer ce discours, de reproduire ici une réflexion qui se présentait d’elle-même, lorsque j’ai rappelé dans cette enceinte les grandes découvertes d’Herschel, mais qui s’applique plus directement encore à celles de Laplace.

Vos successeurs, messieurs, verront s’accomplir les