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mètres les théorèmes dont la démonstration leur était déjà connue. C’est, à proprement parler, une table de matières d’un traité mathématique.

Les ouvrages purement historiques de Laplace ont un autre objet.

Il y présente aux géomètres avec un talent admirable la marche de l’esprit humain dans l’invention des sciences.

Les théories les plus abstraites ont, en effet, une beauté d’expression qui leur est propre : c’est ce que l’on remarque dans plusieurs traités de Descartes, dans quelques pages de Galilée, de Newton et de Lagrange. La nouveauté des vues, l’élévation des pensées, leurs rapports avec les grands objets de la nature attachent et remplissent l’esprit. Il suffit que le style soit pur et d’une noble simplicité c’est ce genre de littérature que Laplace a choisi ; et il est certain qu’il s’y est placé dans les premiers rangs. S’il écrit l’histoire des grandes découvertes astronomiques, il devient un modèle d’élégance et de précision. Aucun trait principal ne lui échappe ; l’expression n’est jamais ni obscure ni ambitieuse. Tout ce qu’il appelle grand est grand en effet ; tout ce qu’il omet ne méritait point d’être cité.

M. Laplace a conservé dans un âge très-avancé cette mémoire extraordinaire qui l’avait fait remarquer dès ses premières années ; don précieux qui n’est pas le génie, mais qui lui sert pour acquérir et pour conserver. Il n’a point cultivé les beaux-arts ; mais il les appréciait. Il aimait la musique de l’Italie et les vers de Racine, et il se plaisait souvent à citer de mémoire divers passages de ce grand poète. Les compositions de Raphaël ornaient ses apparte-