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point séparés de ceux de Laplace. De grands souvenirs, de grands regrets, ont illustrés cette enceinte. C’est là que Laplace recevait des étrangers célèbres, des hommes puissants, dont la science avait reçu ou espérait quelques bienfaits, mais surtout ceux qu’un zèle sincère attachait au sanctuaire des sciences. Les uns commençaient leur carrière, les autres devaient bientôt la finir. Il les entretenait tous avec une extrême politesse. Il la portait même si loin, qu’il aurait donné lieu de croire à ceux qui ne connaissaient point encore toute l’étendue de son génie, qu’il pouvait lui-même retirer quelque fruit de leurs entretiens.

En citant les ouvrages mathématiques de Laplace, nous avons dû surtout faire remarquer la profondeur des recherches et l’importance des découvertes. Ses ouvrages se distinguent encore par un autre caractère que tous les lecteurs ont apprécié. Je veux parler du mérite littéraire de ses compositions. Celle qui porte le titre de Système du monde est remarquable par l’élégante simplicité du discours et la pureté du langage. Il n’y avait point encore d’exemple de ce genre de productions ; mais on s’en formerait une idée bien inexacte, si l’on pensait que l’on peut acquérir la connaissance des phénomènes du ciel dans de semblables écrits. La suppression des signes propres à la langue du calcul ne peut pas contribuer à la clarté, et rendre la lecture plus facile. L’ouvrage est une exposition parfaitement régulière des résultats d’une étude approfondie : c’est un résumé ingénieux des découvertes principales. La précision du style, le choix des méthodes, la grandeur du sujet, donnent un intérêt singulier à ce vaste tableau ; mais son utilité réelle est de rappeler aux géo-