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MÉMOIRE

Sans doute lorsque, dès le commencement de la fabrication, on a versé dans le commerce des sucres de betteraves brûlés, mal préparés, mal raffinés, le consommateur a dû les proscrire et trouver, entre ces sucres et ceux de Hambourg ou d’Orléans, une très-grande différence ; mais alors même l’homme instruit les a confondus dans la même espèce, et il a rapporté cette différence à l’imperfection du procédé naissant plutôt qu’à la nature des principes. Déjà notre célèbre collègue, M. Haüy, avait prouvé que la forme des cristaux était la même ; déjà plusieurs fabriques présentaient des résultats analogues à ceux des colonies, et il était naturel de penser que la même perfection s’établirait peu-à-peu dans tous les ateliers. On savait que, de tout temps, on a fabriqué des draps avec les mêmes matières, et que néanmoins les draps du Xe siècle n’étaient pas comparables à ceux du XVIIIe ; on savait que chaque art a son enfance, mais qu’aujourd’hui cette enfance est de peu de durée par rapport aux progrès des lumières. Ce qu’on avait prédit est arrivé, et, en moins de deux ans, la fabrication s’est améliorée ; elle s’est simplifiée au point qu’elle est aujourd’hui confiée à des ouvriers, et qu’il y a peu d’opérations qui présentent des résultats plus sûrs et plus constants. Aussi les produits des fabriques de betterave circulent-ils dans le commerce sans opposition, et le consommateur y met le même prix qu’au sucre de canne de qualité égale.

On a dit que ce sucre était plus léger que celui de canne et que par conséquent, sous le même volume, il sucrait moins. Quelque faible que soit cette accusation, il m’est impossible d’y souscrire ; j’emploie les mêmes formes qu’à Orléans et chacune fournit un pain rigoureusement du même poids