Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 1.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xcvij
de charles bossut.

Dans ce premier essai, Bossut avait considéré le mouvement des fluides en général. Quatre ans après, le gouvernement le chargea d’une nouvelle suite d’expériences sur la résistance des fluides dans les canaux étroits et peu profonds. Il en fit le sujet d’un ouvrage publié en 1777. Enfin, l’année suivante, il en inséra d’autres dans les Mémoires de l’Académie, et elles avaient pour objet de découvrir la loi suivant laquelle diminue la résistance d’une proue angulaire, à mesure que cette proue devient plus aiguë.

Son cours de mathématiques, loué aux époques où les diverses parties qui le composent ont successivement paru, pour l’ordre, la clarté, la méthode et l’esprit philosophique, a partagé long-temps la vogue avec celui que Bezout avait fait pour l’artillerie et la marine. Ces cours étaient en quelque manière d’obligation pour les élèves auxquels ils étaient destinés ; ils ont perdu nécessairement une partie de leur célébrité depuis qu’un établissement unique a été formé pour l’instruction de tous ceux qui se destinent à servir l’état dans tous les corps qui avaient auparavant leurs livres et leurs examinateurs particuliers. Mais elle a subsisté du moins assez long-temps pour que l’auteur en recueillît le fruit de tant de travaux, et pût s’assurer une existence à-peu-près indépendante à l’époque où les orages politiques vinrent déranger toutes les fortunes. Bossut se vit priver alors d’une chaire d’hydrodynamique fondée pour lui, et qui n’eut qu’une existence éphémère ; il s’était déjà vu enlever, non sans gémir de l’injustice des hommes, cette place d’examinateur qu’il avait remplie avec probité et à la satisfaction générale des élèves et des supérieurs. En perdant ses traitemens d’académicien, de professeur et d’examinateur, Bossut n’obtint d’autre dédommagement que quelques secours passagers décernés sur l’avis du bureau de consultation, un logement au Louvre dont il jouit peu de temps ; et alors il s’enfonça dans la retraite dont son âge