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connu et appelé par son nom. Peut-être, est-ce plutôt par supposition que nos voyageurs anonymes ont attribué aux Aleghanny’s les terres vues à l’horizon. Quoi qu’il en soit, un mirage peut se produire à Ténériffe aussi bien qu’ailleurs, lorsque les conditions sont favorables et pour peu qu’on admette ce fait qui, d’ailleurs, ne saurait être contesté, il est impossible de ne pas songer à ce vaste continent de la tradition, lequel se développant dans l’Atlantique, au delà du détroit de Gibraltar, comprenait ainsi l’Archipel des Canaries, c’est-à-dire les « Hespérides » des anciens[1].

Sans doute, on voyageait peu au temps de Solon et beaucoup moins encore, au temps antéhistorique dont parle la tradition égyptienne qui nous occupe. Mais — et cela n’a rien d’improbable — que du sommet des Hespérides, un mirage vers le Nord-Ouest ait été remarqué dans l’ancien temps, par un observateur suffisamment autorisé, il n’en fallait pas davantage pour faire naître l’idée d’un continent, placé dans l’Atlantique par delà les Colonnes d’Hercule, con-

  1. Les anciens les appelaient ainsi parce qu’elles formaient les îles les plus occidentales qu’ils connussent ; ils y avaient même placé le jardin des Hespérides, où Hercule accomplit le douzième de ses travaux.

    Ce groupe d’îles est aussi connu sous le nom de « Îles fortunées. »