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DE SUZON.


barraſſeroit bien-tôt de ſa triſte figure, & qu’il me laiſſeroit une rente aſſez honnête pour n’avoir point à redouter les caprices de la fortune, étoit un motif aſſez puiſſant pour m’engager de prendre mon mal en patience. D’ailleurs devois-je exiger de lui plus qu’il ne pouvoir ? Le temps où j’avois le plus à souffrir étoit l’hyver. On sait que ceux qui donnent dans l’aſtronomie dorment peu pendant ce temps qui eſt très-propre à faire leurs découvertes. Quelquefois ce vieillard, enthouſiaſmé de ſon art, venoit me chercher dans mon lits, ne me donnoit ſouvent pas le temps de m’habiller, pour me faire prendre part à la joie qu’il avoit reſſentie, d’avoir apperçu le paſſage de telle Planette ſous telle autre qu’il me nommoit & dont j’ai oublié le nom. Dans ce moment il me faiſoit aſſeoir ſur lui. J’avois les cuiſſes très-écartées. Lorſque ſon vit avoit acquis un peu de fermeté, ce qui arrivoit très-rarement, il le faiſoit entrer dans la mortaiſe : enſuite il me

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